MyMajorCompany cesse le financement participatif

Par Thierry Cadet
Le 16 février 2016
4 mins
MyMajorCompany cesse le financement participatif
Crédit photo : logo du label participatif MMC

Le financement participatif (crowdfunding) sur MyMajorCompany, c'est fini. En 2008, le label participatif révèlait GRÉGOIRE, puis Joyce JONATHAN (qui sera prochainement en concert à l'Olympia avec Melody) et enfin IRMA. Mais seuls trois artistes produits par les Internautes sur MyMajorCompany réussiront à tirer leur épingle du jeu et à rapporter un minimum de retour financier sur investissement. Tous les projets suivants seront des échecs cuisants, de Margaux SIMONE à Christophe SIRILLO en passant par Allan THÉO, AGONIE, HANNA, MANI ou Arno SANTAMARIA. Certains peinent même à atteindre la centaine de disques vendus. Le problème de MyMajor Company, est qu'hormis pour le lancement de ses premiers artistes, que le label avait scrupuleusement choisis – et donc promus, tous les autres projets ont souffert d'un manque évident de visibilité. Aujourd'hui, face à la concurrence (notamment de KissKissBankBank ou Ulule), mais aussi au tassement de l'activité du crowdfunding lié au don, MyMajorCompany se concentre uniquement sur ses activités de label. "Nous arrêtons cette activité pour nous concentrer sur la production d’artistes, avec notre label, et sur le développement de Tipeee" déclare le président et fondateur Michael GOLDMAN, le fils de Jean-Jacques GOLDMAN, à nos confrères du "Monde". 

La machine a donc atteint ses limites, malgré la diversification du label participatif avec le lancement en Angleterre de MyMajorComapny Books et MyMajorCompany BD, une filiale espagnole verra également le jour. "Ce marché n’a pas vocation à accueillir beaucoup d’acteurs. Au départ, la concurrence est saine, car elle permet de faire émerger le secteur, mais rapidement, elle oblige à se lancer dans une coûteuse course à la part de marché, ce que nous refusons" poursuit Michael GOLDMAN. Sur les exercices 2014 et 2015, MyMajorCompany n'aura engrangé que cinq millions d'euros. Des revenus trop faibles pour poursuivre l'aventure. Clic de fin.

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

En 2012, MyMajorCompany dévoile "Oxygen", le premier opus du mannequin Baptiste GIABICONI ; la galette est cofinancée par les internautes. Mais alerté par le décalage entre les ventes effectuées par le site vente-privee.com (99,4 % des ventes) et donc l'échec commercial sur les autres plateformes de téléchargement concurrentes (iTunes ou Amazon), le SNEP exclut le disque du Top Albums français dès la semaine suivant son classement à la première place. Le SNEP exclut en effet les albums vendus en exclusivité chez un seul distributeur. "Le Point" décrit un coup marketing raté destiné à créer du buzz, et explique qu'un écart des ventes aussi important entre distributeurs (99,4% des ventes réalisées sur vente-privee.com, donc juste 0,6% sur des plateformes réellement représentatives) révèle que le budget communication – destiné à promouvoir l'album – a été tout simplement utilisé par ses propres promoteurs pour acheter eux-mêmes le disque à prix de gros sur le site vente-privee.com, et gonfler artificiellement le volume des ventes. Après la décision du SNEP excluant les 21 000 premières ventes, l'observation des statistiques de vente fait apparaître une chute vertigineuse du classement, l'album disparaissant du Top Album dès le 3 novembre 2012. Pour finir, MyMajorCompany informe ses adhérents que Baptiste GIABICONI a quitté le label, et qu'ils n'auront pas de retour financier sur leur investissement.

Thierry Cadet