Caroline LOEB : "Les années 80 sont bourrées de paradoxes"

Par Thierry Cadet
Le 11 mars 2016
5 mins
Caroline LOEB : "Les années 80 sont bourrées de paradoxes"
Crédit photo : capture d'écran

Caroline LOEB dont l'ouvrage "Mes années 80 de A à Z" est toujours disponible en librairies, est revenue sur ce dernier mais aussi sur la tournée à laquelle elle participe actuellement, "Top 50" (voir sur ce lien), sur le plateau du JT de Grand Lille TV. Cette décade magique, Caroline LOEB créatrice du tube "C'est la ouate" (sur un texte de Pierre GRILLET) l’a vécue à plus d’un titre. "La nostalgie n'est pas du tout de mon côté parce que je fais 10 000 trucs, je fais de la mise en scène, mes nouveaux spectacles, j'écris, mais c'est un éditeur qui m'a demandé de faire un livre sur les années 80, et je ne m'attendais pas à y prendre autant de plaisir ! J'ai fait un abécédaire, donc ça commence avec ADJANI et ça finit par ZOUC, y'a pas que de la musique, y'a de la BD, de l'architecture, la chute du mur de Berlin, l'arrivée du sida, "Touche pas à mon pote", des événements politiques très importants. C'est une époque qui reste absolument fascinante de liberté et de créativité …/… C'est une époque très paradoxale, il suffit de voir le défilé de Jean-Paul GOUDE pour le bicentenaire, ce qui est absolument extraordinaire avec, à la fin, Jessye NORMAN une chanteuse noire américaine qui chante "La Marseillaise". Aujourd'hui c'est impensable symboliquement de faire un truc pareil ! Donc c'est une époque très intéressante parce que bourrée de paradoxes, mais pleine de vie, pleine de liberté".

La tournée à laquelle Caroline LOEB participe bat son plein, portée par un concept qui est de replonger dans les décennies 80 et 90 porté par des extraits de clips, de films et un karaoké géant ! Mais aussi et surtout avec de nombreux artistes sur scène en live… "On m'a demandé de venir chanter mon "C'est la ouate" dans cette tournée "Top 50", et je dois dire que je m'attendais pas du tout à ce que ce soit un tel plaisir. Je suis entourée de musiciens que j'adore ! Y'a une image de ce qu'était le "Top 50" qui est un plus rock, un peu plus alternative, c'est un bonheur total !".

En 1987, "C'est la ouate" se hisse jusqu'à la cinquième place du Top 50. Un succès qui se répandra comme un traînée de poudre dans la plupart des pays européens, de l'Italie à l'Espagne, en passant par l'Allemagne, l'Autriche, mais aussi l'Argentine – comptant aujourd'hui une vingtaine de reprises dans divers pays. "Ça peut pas se reproduire quelque chose comme ça… Parce que ce qui est très particulier dans ces années 80, c'est que c'est l'émergence des radios libres, la télé qui s'ouvre, Canal+ qui arrive et les chaînes qui commencent à se multiplier, mais y'en a pas encore beaucoup. Aujourd'hui, chaque quartier a sa télé et sa radio, donc tout le monde est dans son coin, dans sa bulle, et finalement est assez peu ouvert à ce qui se passe partout. Alors que dans les années 80, une chanson comme la mienne ou comme celles des NÉGRESSES VERTES ou de POW WOW, ça traverse toutes les couches sociales, c'est dans tous les foyers ; en plus y'avait des émissions de variétés tout le temps, aujourd'hui y'en a plus du tout. Aujourd'hui, c'est des espèces de télé-crochets que personnellement je trouve absolument ineptes. Y'a absolument aucune place, même à la radio, pour les nouveautés ; donc pour faire des tubes comme ceux qui continuent à être joués trente ans plus tard, il faut absolument que les nouveautés elles passent ! Si elles passent plus, c'est fini. Y'a toujours des gens qui font des choses formidables, y'a STROMAE, Julien DORÉ, CHRISTINE & THE QUEENS… y'a des artistes absolument géniaux, mais y'a très peu de place. Et je suis sûre qu'il y a plein d'autres gens qui ont beaucoup de talent, et qui n'ont pas le droit à l'antenne. C'est dommage".

Thierry Cadet