MC SOLAAR : écoutez l'inédit "Sentinel nord"

Par Thierry Cadet
Le 22 février 2017
5 mins

MC SOLAAR, est l'un des premiers à avoir réussi à populariser le rap en France en le faisant découvrir au grand public, notamment grâce à ses textes nettement moins violents que ceux de ses confrères, de NTM à ASSASSIN. Un rap littéraire, car l'inspiration de Claude MC n'est pas la cité, mais plutôt Leonard COHEN ou Serge GAINSBOURG (auquel il rend hommage en samplant "Bonnie & Clyde" sur l'album "Prose combat" en 1995), les musiques africaines ou les classiques noirs américains de jazz.

Et cette semaine, c'est de ce disque justement, qu'une nouvelle chanson vieille de vingt-deux ans, cet inédit de MC SOLAAR "Sentinel nord", vient de tomber, exhumé par le producteur de ses deux premiers albums, Jimmy JAY. Une chute de l’album "Prose combat" largement considéré comme son chef-d'œuvre (renfermant les tubes "Nouveau western", "Séquelles" et "Obsolète"). En 1995, le jeune homme est élu "Artiste masculin de l'année" aux Victoires de la Musique.

Tout commence au début des années 90, après des études de philosophie, MC SOLAAR dévoile "Bouge de là" (Top 22 en 1991), un single basé sur un sample de "The Message" du groupe CYMANDE datant de 1973. Suivront "Victime de la mode" (Top 32 en 1991), "Qui sème le vent récolte le tempo" (Top 39 en 1992) et "Caroline" (Top 4 en 1992), prouvant ainsi que “l'as de trèfle qui pique son cœur” pouvait réaliser une chanson d'amour, une ballade d'été, dans un style rap. Les textes de l'auteur sont même régulièrement étudiés à l'étranger (USA, Australie, Grande-Bretagne, Europe de l'Est).

Ses albums s'exportent, il collabore avec le groupe américain DE LA SOUL, GURU du groupe GANG STARR sur "Le bien, le mal" (Top 33 en 1993), écoule 400 000 albums et devient en quelque mois seulement, la référence du rap français, forcément décrié par ses confrères de l'époque. Adopté par l’intelligentsia et les milieux cultivés en général, il se voit accusé de compromission avec le système par d’autres rappeurs. Le temps cela dit, fera bien les choses, car aujourd'hui bon nombre de jeunes rappeurs citent NTM, IAM mais aussi MC SOLAAR parmi leurs références ultimes. Dans la catégorie rap français, il est l'un des plus gros vendeurs de disques, avec plus de 5 millions de passages en caisse à ce jour.

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

A la fin des années 90, et MC SOLAAR a une discussion avec son patron, Pascal NÈGRE, PDG d'Universal Music France. L'auteur est en pleine panne d'inspiration. Pascal NÈGRE lui fait deux propositions : une avance sur royalties et une renégociation à la hausse de son contrat. Rien n'y fait, les deux hommes s'embrouillent, et MC SOLAAR impose la sortie consécutive de trois disques, pour casser son contrat. Sortiront dans la foulée "Paradisiaque" (1997), "MC Solaar" (1998) et le live "Le tour de la question" (1998). Pourtant, en 2001, sans Universal mais distribué par Warner, son album "Cinquième as" est (là encore) acclamé par la critique (et s'écoule à 600 000 copies). "Solaar pleure" et "Hasta la vista" se classeront tous deux (et pour la première fois) n°1 en France.

Peu après, un procès est lancé par l'artiste envers son ancien label, les accusant d'avoir violé sa signature en ne publiant pas le second disque dans les trois mois suivants la remise des bandes. En 2004, le verdict tombe, la cour de cassation donne raison au rappeur, mais l'interdit d'exploiter les masters de ses quatre premiers albums, privilège accordé à… Universal.

Thierry Cadet