Anne Mondy : « Il voulait laisser une trace pour le public et pour sa famille »

Dans ce nouveau podcast de Melody Radio, Anne Mondy revient sur la vie et la carrière de son père, Pierre Mondy au micro de Gilles Farina-Vallé. Avec douceur, humour et sincérité, elle évoque celui que la France a aimé pour La 7ᵉ Compagnie autant que pour ses mises en scène légendaires. Un homme passionné, profondément humain, qui a su conjuguer exigence artistique et bienveillance paternelle.
Un homme vrai et populaire
Dès les premières minutes de l’entretien, Anne Mondy met en lumière ce qui faisait la singularité de son père : sa vérité. « Je pense que de son vivant, il n’a jamais menti sur ce qu’il était. Il était vraiment cet homme passionné, souriant, humain, gentil. » C’est cette sincérité, ajoute-t-elle, qui explique pourquoi « les gens me disent beaucoup : il me fait penser à mon père, il me fait penser à mon grand-père ». Pour beaucoup, Pierre Mondy incarnait une forme de proximité, un visage familier de la France des Trente Glorieuses, à la fois populaire et exigeant.
Les racines d’un homme de cœur

Anne évoque avec tendresse les origines de son père, né Pierre Cuq, un homme attaché à son histoire familiale et à sa grand-mère. « Sa famille, c’était Cuq. C’était Pierre Cuq, ses racines. C’était extrêmement important pour lui. » Elle sourit en racontant son lien indéfectible avec sa mère, « l’amour de sa vie ». Superstitieux, il croyait aussi dur comme fer à sa bonne étoile. « Il a toujours eu confiance en sa bonne étoile », confie-t-elle, comme un trait de caractère qui l’a accompagné tout au long de sa carrière.
Le théâtre, sa maison
S’il a connu le succès au cinéma et à la télévision, notamment avec La 7ᵉ Compagnie ou Les Cordier, juge et flic, c’est sur les planches que Pierre Mondy se sentait vraiment lui-même. « Le théâtre, c’était sa vie », rappelle Anne. Metteur en scène de plus de soixante pièces, il savait diriger les acteurs avec précision et bienveillance. « Il adaptait par rapport à l’acteur qu’il avait en face de lui… c’était du sur mesure », raconte-t-elle. Ce travail d’orfèvre, attentif à chaque mot, à chaque respiration, a fait de lui un artisan du théâtre populaire, au sens noble du terme. Souvenons-nous de ses mises en scènes délicieuses dans le Canard à l’orange ou dans la Cage aux folles.
Une bande et des fous rires
Anne Mondy se souvient aussi des répétitions animées et des fous rires partagés avec ses amis comédiens : Jean Poiret, son frère à la ville comme à la scène, Jacqueline Maillan, François Périer… « C’était vraiment… très bon enfant », dit-elle en riant. Les tournées, les étés partagés, les scènes qui partaient en éclats de rire faisaient partie intégrante de la vie de troupe. Ces moments de camaraderie, entre jeu et amitié, sont restés gravés dans sa mémoire.
Un père discret mais présent
Derrière l’artiste reconnu, il y avait un père attentif, présent à sa manière. Leurs moments partagés, souvent simples, des week-ends ensemble, des promenades, des passages dans les loges, sont pour elle des souvenirs précieux. « Quand il y avait du temps, il était de qualité », résume-t-elle, comme une déclaration d’amour pudique.
Le succès et la fidélité au public
Anne raconte aussi le rapport singulier de son père à la célébrité. La 7ᵉ Compagnie lui a valu un immense succès populaire : « On l’appelait chef Chaudard dans la rue. » Mais malgré cette notoriété, il est resté fidèle à lui-même. Loin des effets de mode, il cultivait la discrétion. Dans son autobiographie, il avouait : « Je n’étais pas capable de prendre mon téléphone et de dire : tiens, est-ce que tu as pensé à moi pour le rôle ? » Une humilité rare dans un milieu où l’ambition se crie souvent fort.
Une transmission douce et solide

De son père, Anne retient avant tout des valeurs : la rigueur, l’honnêteté et la curiosité. « Avance petit, avance », disait-il souvent, comme une devise de vie. Ces mots simples, elle les garde aujourd’hui comme une boussole. Artiste à son tour, collagiste et metteuse en scène, elle revendique cet héritage : celui de l’authenticité, de l’humour et du goût du travail bien fait.
Un héritage vivant
Treize ans après sa disparition, Pierre Mondy continue de vivre dans la mémoire collective, à travers ses films et ses mises en scène. Pour elle, au-delà du comédien, il y avait un homme profondément humain, généreux et joyeux. Son papa.