Chronique du nouvel album de Julien CLERC "Duos"
Chez les artistes de Variété, il est de bon ton depuis quelques années de passer par la case des albums de duos. L’un des pionniers, on s’en souvient, fut Michel Delpech avec &, album qui avait d’ailleurs signé son grand retour sur le devant de la scène. Après Eddy Mitchell, Christophe ou encore Véronique Sanson, c’est au tour de Julien Clerc de s’y coller en réunissant nombre de ses collègues et ami(e)s.
On démarre fort avec Calogero et Vanille
Duos s’ouvre ainsi avec le sublime Ma préférence réinterprété par Calogero dont le timbre apporte ce petit supplément de douceur à un titre réorchestré façon symphonique. Vanille, que l’on a connu lors des premières parties de Marc Lavoine, réalise quant à elle à merveille ce dialogue avec son chanteur de père dans un Fais-moi une place qui résonne forcément un peu plus. On démarre fort.
On passe néanmoins un moment un peu plus compliqué avec Zaz et Vianney qui semblent à notre goût un peu en deçà : happée par le rythme de la chanson pour la première, par l’orchestration complexe pour l’autre. Moment heureusement de courte durée car rattrapé par la malice du truculent Philippe Katerine dont on vous a déjà parlé sur Melody. Certes ce titre est entraînant mais l’on sent à travers cet échange, l’osmose et le plaisir que les deux comparses ont pris à enregistrer cette version de Melissa.
Duo 100% Voice ensuite avec la participation de Soprano à Laissons entrer le soleil et on peut dire que le pari est réussi. Le marseillais, symbole d’une jeune génération qui n’a pas oublié ce que ses prédécesseurs ont apporté à la Chanson Française, offre ici une soigneuse revisite du titre. Un grand bravo.
La magie opère avec Maxime Le Forestier, Florent Pagny ou encore Francis Cabrel
Retour à des sonorités plus traditionnelles avec Double Enfance et son banjo qui enrobe le grain si caractéristique de Maxime Le Forestier. Quant à cette ballade pour un fou adaptée d’un standard d’Astor Piazzolla, impossible de la confier à une autre personne que Florent Pagny. Le plus argentin des chanteurs français fait parler la puissance de son timbre et il ne nous reste qu’à nous lever et applaudir tant la magie opère entre les deux artistes.
Brillante idée ensuite que d’avoir proposé à Christophe Maé d’apposer sa voix sur la prose d’Etienne Roda-Gil. Malheureusement le costume d’Utile semble un tantinet trop grand pour le carpentrassien. On soulignera néanmoins la prise de risque et les efforts entrepris pour retranscrire l’émotion du morceau.
Rien à redire sur la performance de Sandrine Kiberlain à son image, carrée, nette, précise, de quoi nous faire passer un agréable moment. Et que dire de l’éternelle élégance de Francis Cabrel capable de donner de l’émotion à n’importe quelle composition, simple comme majestueuse. L’alchimiste d’Astaffort a encore frappé cette fois sur Souffrir par toi n’est pas souffrir, bien aidé en cela par la douceur nostalgique de ces notes d’accordéon.
Un album aux accents de camaraderie
Enfin le dernier mot revient à Carla Bruni à travers une mélopée qui nous rappelle la petite cantate chère à Barbara. Les touches de mandoline italianisent un titre symbole de l’amitié entre le chanteur et l’ex-première Dame. De quoi conclure avec volupté un album aux accents de camaraderie où transparaît sans faux-semblants le bonheur que Julien Clerc a pris à convier cette bande d’amis.
Musicalement cet opus ne contient rien de très révolutionnaire mais de petites retouches bien senties permettent à ces « tableaux » originaux de resplendir sous un jour nouveau.
Cette série de duos nous donne dans tous les cas envie de fredonner tant elle rassemble des tubes inscrits dans l’inconscient collectif. On redécouvre avec un plaisir non dissimulé les trésors nés de l’imagination du duo Clerc / Roda-Gil, et rien que pour cela on ne peut que vous conseiller de déposer cette galette au pied du sapin. Effet garanti !