Chronique du nouvel album de Louis CHEDID "Tout ce qu'on veut dans la vie"

Par Alexandre Demartin
Le 2 mars 2020
5 mins
Chronique du nouvel album de Louis CHEDID "Tout ce qu'on veut dans la vie"
Crédit photo : Melody

Dans la famille Chedid, il y a eu la grand-mère Andrée, poétesse, le fils, Matthieu, chanteur et guitariste de renom ou encore Anna, la fille, elle aussi chanteuse et pianiste hors-pair. Mais ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est bien le père, Louis.

Louis CHEDID avait des choses à nous dire

L’un des plus célèbres moustachu de la Chanson Française nous revient cette année avec un nouvel opus en solo, le premier depuis sept années. Entre temps, Louis CHEDID n’a guère chômé. Entre une comédie musicale à succès truffée de soldats roses et un album familial accompagné d’une tournée faisant salle comble, le chanteur n’a pas eu trop de temps pour penser à lui.

Aujourd’hui, ce temps est désormais révolu puisque Louis CHEDID est de retour dans les bacs avec « Tout ce qu’on veut dans la vie ». Et force est de constater que l’artiste avait des choses à nous dire et a su trouver les mots justes pour nous offrir onze titres comme autant de petites confidences finement ciselées.

Cela démarre d’ailleurs avec « Si j’avais su«  : sur un tempo cher à l’Espagne et des violons un brin arabisants, le natif d’Ismaïlia nous transporte dans une rupture qui pourrait se dérouler à Grenade. Délicat et en même temps profond.

L’Amour, la mélancolie, l’optimisme

On sait Louis CHEDID grand amateur de cinéma et créateur de bandes originales. Nul doute là-dessus avec « Danser sur les décombres », sorte de « In The Death Car » (présent dans le long métrage « Arizona Dream ») à la sauce Chedid. L’Amour se retrouve ici représenté sous toutes ses coutures, joyeuses comme plus mélancoliques, les années passant. « Plonger dans la pénombre » de la vieillesse, moment que tôt ou tard chacun est amené à traverser, et que Louis CHEDID illustre si bien en musique.

Pour contrebalancer cette apparente morosité, ce premier single éponyme empli d’optimisme nous envoie un bon shot de baume au cœur. On retrouve ici une mélodie (mélange de Nach, -M-, et Selim) qui a fait le sel de l’album familial de 2015, les chiens ne faisant pas des chats. Nous avons ainsi affaire à une sorte de suite à « On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime ». Un son feel good qui fait un bien fou…et dont on aurait aimé qu’il fasse davantage de petits dans cet opus.

Après un titre sombre sur l’importance du souvenir, « Volatile comme…« se veut tout à fait actuel dans sa mélopée, à la manière des dernières productions d’un Alain CHAMFORT. L’Amour toujours l’Amour, et cet « Aimer » répété sans cesse comme un besoin de se convaincre. Malgré un riff de basse entêtant, il manque hélas ce petit quelque chose qui ferait de ce titre un classique.

Un album aussi subtil que poétique

« Redevenir un être humain« , effarant mais réaliste constat de l’isolement progressif de notre société individualiste, s’avère là aussi totalement ancré dans son époque. Louis CHEDID, par des mots simples mais pertinents, nous invite tout simplement à profiter de la vie et relever la tête…jusqu’ici baissée sur le smartphone. Dans une certaine suite d’idées, « Dis-toi qu’t’es vivant » nous encourage à relativiser afin de ne pas tout voir en gris dans cette société toujours plus anxiogène. Comme un besoin d’une petite bulle de légèreté dans une société parfois étouffante.

De légèreté, il en est aussi question aussi bien avec « Mon enfant intérieur » que « Comme un chasseur de papillons », deux appels à garder son âme d’enfant.

L’album se termine sur une touche chaleureuse avec « J’ai toujours aimé aimer », titre qui parle pour lui car l’Amour reste, quoi qu’on en dise, le plus beau sentiment qui soit. Cette charmante ballade à la guitare parsemée de quelques touches de piano vient conclure en douceur un album aussi subtil que poétique.

Alors certes il aura fallu s’armer de patience mais disons-le, le jeu en valait la chandelle. On sent que Louis CHEDID a pris le temps et le recul nécessaires pour retoucher ces compositions à la virgule près. Un beau moment que tout amateur de Belle Chanson Française appréciera à sa juste valeur.

Alexandre Melody