Vos tubes d'été : Procol Harum "A Whiter Shade Of Pale", 1967

Par damien_louvetys
Le 23 août 2019
5 mins

En 1967, à peine sorti le « Sgt Pepper » des BEATLES, le premier 45 tours de la formation britannique PROCOL HARUM « A Whiter Shade Of Pale » atteint la première place des hit-parades dans de nombreux pays, évidemment au Royaume-Uni, mais aussi en France, et dans toute l’Europe, jusqu’au Venezuela ou à Hong-Kong… La chanson reste aujourd’hui sans aucun doute la plus connue, et la plus emblématique du groupe, alors précurseur du rock progressif (courant des années 70 mené par YES, GENESIS ou KING CRIMSON…). PROCOL HARUM traîne « A Whiter Shade Of Pale » comme un boulet au point de ne plus l’interpréter lors de ses concerts. Selon une estimation réalisée pour la BBC, il s’agit de la chanson la plus diffusée dans les lieux publics britanniques durant la période 1934-2009. Un succès lourd, écrasant (dix millions d’exemplaires vendus à travers le monde !) qui aura connu bien des péripéties…

A la base, le tube baroque « A Whiter Shade Of Pale » est crédité à Keith REID pour les paroles, et à Gary BROOKER pour la légendaire mélodie. Mais il y a dix ans, la justice britannique a reconnu un crédit à l’organiste du groupe, Matthew FISHER, mettant fin à une longue bataille judiciaire qui l’opposait au chanteur. A 61 ans, Matthew FISHER s’est donc vu accorder 40% des droits d’auteur de la chanson-culte : « Il n’a jamais été question d’argent. Il n’y en aura pas beaucoup de toute façon… Mais il s’agissait de faire en sorte que tout le monde reconnaisse la part que j’ai jouée dans l’écriture de cette chanson« .

Ironie du sort, l’auteur-compositeur du slow, n’est autre en vérité, que Johann PACHELBEL, organiste né le 1ᵉʳ septembre 1653 à Nuremberg et mort dans la même ville le 3 mars 1706, créateur inspiré du Canon et gigue en ré majeur pour trois violons et une basse dont « A Whiter Shade Of Pale » est l’adaptation la plus accomplie. Il faut savoir que le répertoire pompeux de PACHELBEL a souvent été pillé par la pop, à commencer par « Rain And Tears » des APHRODITE’S CHILD. Musicalement, la ligne d’orgue de la chanson de PROCOL HARUM s’inspire aussi de deux pièces de Jean-Sebastien BACH, la sinfonia en fa majeur de la cantate « Ich steh mit einem Fuß im Grabe » et la « Suite pour orchestre no 3 en ré majeur« .

Dans le texte, « A Whiter Shade Of Pale » est le récit métaphorique d’une relation homme-femme qui, après négociations, se termine en acte sexuel — ou comment transformer une soirée arrosée en concerto de sommier. En 1968, NICOLETTA reprend la chanson, adaptée en français par Georges ABER : « Les orgues d’antan« . En 1995, Annie LENNOX en fait à nouveau un tube dans sa version originale (Top 17 en France).

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

A sa sortie, cette chanson déclenche une révolution dans le monde du 45 tours en France. Pour la première fois, est commercialisé un 45 tours anglo-saxon à deux chansons, alors que jusqu’alors, il existait seulement les EP (Extended Play), soit les supers 45 tours avec quatre chansons. A la suite de ce succès phénoménal (à 6,50 francs l’unité seulement), toutes les maisons de disques suivent le mouvement. Deux ans plus tard les supers 45 tours disparaissent définitivement du marché.

Gary BROOKER de PROCOL HARUM avec Thierry CADET

(en interview sur le Festival Pause Guitare, le 7 juillet 2019)

 ©Marion CADILLAC

Par Damien Louvetys