Eurovision : Jean-Paul CARA, "Sans le public, je n'ai plus la foi pour ce concours"

Par Thierry Cadet
Le 21 mai 2015
6 mins
Eurovision : Jean-Paul CARA, "Sans le public, je n'ai plus la foi pour ce concours"
Crédit photo : Collection Jean-Paul Cara

A l’occasion de la 60ème édition du Grand Prix Eurovision de la Chanson qui se tiendra samedi 23 mai prochain, à Vienne, Thierry CADET a rencontré pour vous Jean-Paul CARA le compositeur de la dernière chanson à nous avoir permis de remporter le concours, « L’oiseau et l’enfant » en 1977 – mais aussi de « 1, 2, 3 » pour Catherine FERRY en 1976, « Papa pingouin » pour SOPHIE & MAGALY en 1980 (n°1 en 2006 par PIGLOO) ou « Humanahum » pour le tahïtien Jean GABILOU en 1981. Il revient pour Melody sur les grandes années de l’Eurovision, évoque Lisa ANGELL ou son projet de comédie musicale intitulée… « L’oiseau et l’enfant ».

Melody (Thierry CADET, rédacteur) : L’an dernier, la dernière édition en date a fait toucher le fond à nos représentants. Le groupe TWIN TWIN a terminé sa course bon dernier avec « Moustache » (voir sur ce lien). Comment expliquez-vous une telle claque ?

Jean-Paul CARA : Pour l’année dernière, je pense tout simplement que la chanson n’était pas bonne. On oublie que c’est le concours Eurovision de la Chanson. Il faut avoir une bonne mélodie : c’est ce que l’on retient tout de suite. Il faut avoir un bon texte et un bon ou une bonne interprète qui chantera le texte avec émotion.

TC : Pourtant, quand on reprend le classement français, certes, ces trois dernières années c’est une catastrophe, mais en 2008 Patricia KAAS a terminé 8ème, Sandrine FRANÇOIS 5ème en 2002, Natasha ST-PIER 4ème en 2001, mais aussi Joëlle URSULL, AMINA, FANNY, Nathalie SANTAMARIA ou Patrick FIORI qui ont intégré le Top 5 durant les années 90. Ne pensez-vous pas que les médias et le grand public en général ne retiennent que les échecs ?

JPC : Non, les médias ne retiennent pas que les échecs ; quant au public, je pense que c’est lui qui a le talent. Tant que c’était lui qui décidait, rappelez-vous du Concours de la Chanson Française. On présentait des chansons au public et c’est lui qui votait par SVP lors de plusieurs émissions à la télé, et désignait la chanson qui représenterait la France. La France se classait toujours bien. J’en suis la preuve (ndlr : Le public a pourtant choisit NAYAHSofia MESTARI, ORTAL, LES FATALS PICARDS et même… TWIN TWIN). Mais je tiens à souligner que nous ne sommes jamais seuls dans la réussite d’une chanson. J’ai toujours eu de très bonnes équipes. Pour « L’oiseau et l’enfant« , Joe GRACY, LES FLÉCHETTES, Georges et Michel COSTA, Raymond DONNEZ et la voix divine de Marie MYRIAM. Pour « 1, 2, 3 » (voir sur ce lien), Tony RALLO, les chœurs de Daniel BALAVOINE (ndlr : et du compositeur Jeff BARNEL), et la chanson magiquement interprétée par Catherine FERRY. Pour « Humanahum« , troisième prix Joe GRACY, LES FLÉCHETTES, les COSTA et David SPRINGFIELD. Sans parler de Jean GABILOU, superbe interprète tahitien et international. Pour le « Papa pingouin« , c’était pour le Luxembourg. C’est mon ami producteur allemand qui m’a proposé de le faire avec lui et je me suis entouré de monsieur Pierre DELANOE.

TC : Avez-vous proposé des chansons à France Télévisions ces dernières années ?

JPC : Non, je n’ai plus présenté de chansons depuis ! Sans le public, je n’ai plus la foi pour ce concours.

TC : Que pensez-vous de Conchita WURST lauréate de l’an dernier avec « Rise Like A Phoenix » (voir sur ce lien) ?

JPC : Conchita WURST j’y ai tout de suite cru. Pour mes amis et moi, il y avait tout. La chanson et l’interprétation.

TC : Selon vous, est-ce que cette année la France a une chance de l’emporter (voir sur ce lien) ?

JPC : Je souhaite à Lisa ANGELL d’être bien placée. Elle le mérite, elle fait ce métier depuis plus de trente ans, ce serait bien qu’elle s’envole.

TC : Pour finir, où en est votre projet de comédie musicale « L’oiseau et l’enfant » ?

JPC : Mon projet de comédie musicale piétine car il faut beaucoup de fonds pour la monter et je ne vous cache pas que l’étiquette Monsieur Eurovision, hélas, dans notre beau métier, me fait de l’ombre. Cependant, maintenant que je rechante en concerts avec le public (voir sur ce lien), le populaire – cette étiquette, leur fait honneur.

La Rédaction