Marie France, l'une des premières chanteuses transgenres, sort un nouvel album

Par Thierry Cadet
Le 29 novembre 2019
5 mins
Marie France, l'une des premières chanteuses transgenres, sort un nouvel album
Crédit photo : visuel du nouvel album de Marie France

MARIE FRANCE est une femme trans. Elle déteste le mot ‘transsexuel’, peut-être du fait que certains animateurs de télévision l’interrogent systématiquement sur ce point : « Quand on est passé de l’autre côté, pourquoi est-ce qu’on garde cette appellation ? » regrette-t-elle.

MARIE FRANCE est engagée en 1969 au cabaret l’Alcazar dans le Quartier latin, où sa personnification de Marilyn MONROE est unanimement saluée. Elle reste une des vedettes de cet établissement de music-hall jusqu’en 1987, où elle devient Première meneuse de revue. Puis elle s’acoquine avec Bulle OGIER, Bernadette LAFONT, RÉGINE, et devient l’une des égéries du Palace. Salvador DALÍ la dessine, Aristote ONASSIS tente de la séduire. Puis, le 7ème Art lui fait de l’oeil, dans « Barocco » d’André TÉCHINÉ, elle crée la chanson « On se voit se voir« , en 1976. Suivront une vingtaine de longs-métrages.

Côté musique, MARIE FRANCE dévoile une dizaine de singles et une demi-douzaine d’albums, parmi eux s’inscrivent de nombreuses collaborations, notamment avec Marc ALMOND, Daniel DARC, MIRWAIS, DAVE, Frédéric BOTTON, PHANTOM, BIJOU, Jay ALANSKI, Jacques DUVALL ou Chrissie HYNDE (THE PRETENDERS). MARIE FRANCE est une des figures incontournables de l’underground parisien. C’est elle qui chantera la première le succès de LIO « Je casse tout ce que je touche« , avec un premier texte (« Je ne me quitterai jamais« , 1982). Selon Marguerite DURAS : « C’est impossible de ne pas être troublé par elle. Tout le monde. Les femmes comme les hommes« .

Aujourd’hui, c’est le compositeur Léonard LASRY (avec qui elle avait déjà enregistré un duo en 2006, « Du désir au bout des doigts« ) et l’auteur Elisa POINT, qui la réhabilitent, trois ans après son dernier album. « Tendre assassine » est sorti cet automne, porté par un premier extrait « Trop de vague à l’âme« . Le disque renferme onze pistes (dont un nouveau duo avec LASRY « Déjà vu« ), pour la plupart de tendres ballades, l’amour en exergue. « Oui, je suis la tendre assassine. C’est vrai que j’ai tué pas mal de garçons, sans le vouloir. L’univers d’Elisa POINT me colle à la peau, Léonard est là pour nous allonger sur ses musiques » confie-t-elle à nos confrères de France 3 (« Boulevard de la Seine« ).

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

La carrière de la créatrice de mode Fifi CHACHNIL est marquée par sa rencontre en 1984 avec les artistes PIERRE ET GILLES, avec qui elle s’associe de nombreuses fois, jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, sur l’élaboration de son dernier album. Entre 1983 et 1996, elle réalise de nombreux costumes de scène ou de clips pour LIO, NIAGARA, Héléna NOGUERRA, Nina HAGEN, Marc ALMOND, Lee PERRY ou encore MARIE FRANCE. En 2010, elle réitère l’expérience de la musique avec l’enregistrement d’un second disque.

En cet automne 2019, c’est sur le ton du badinage dont elle seule a le secret, que Fifi CHACHNIL propose ce nouvel opus « Love » chez Balandras Editions (disponible en vinyle dans les boutiques Fifi CHACHNIL et Harmonia Mundi), porté par le single « Mobylette » (clippé par Charles SERRUYA); une chanson écrite par Pascal MOUNET, sur une musique de Jean-Pierre STORA. Autour d’elle, ses amis ont créé l’harmonie : PIERRE ET GILLES pour la photo de la délicieuse pochette, Philippe KATERINE pour une chanson sur mesure mais aussi pour un duo digne d’une opérette.
 Elle y parle d’amour, mais aussi de Brooklyn, de Soho et de Paris (voir sur ce lien).

Par Thierry Cadet