Vos tubes d'été : Vanessa Paradis "Joe le taxi", 1987

Par Thierry Cadet
Le 15 septembre 2019
7 mins
Vos tubes d'été : Vanessa Paradis "Joe le taxi", 1987
Crédit photo : visuel du 45 tours "Joe le taxi"

Le 27 avril 1987 sort dans les bacs le 45 tours de Vanessa PARADIS, « Joe le taxi« . Une chanson qui va devenir plus qu’un tube, un véritable phénomène — elle n’entre pourtant au Top 50 que le 11 juillet, soit presque trois mois après sa sortie, et n’atteint la première place que le 1er août. Mais jugez plutôt : n°1 en France durant onze semaines consécutives, elle le sera aussi en Belgique, en Suisse, en Israël. Puis l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, le Danemark et le Canada s’en emparent. « Joe le taxi » atteint le Top 10 des ventes dans la plupart de ces pays. N°1 de l’Eurochart qui totalise les meilleures ventes européennes, du rarement vu pour un titre chanté en français.

Ce triomphe commence à intriguer un pays pourtant peu enclin aux productions en langue française : le Royaume-Uni. Le 45 tours y sort le 25 janvier 1988, et se classe n°2, devenant le premier titre chanté en français à atteindre le Top 3 des ventes outre-Manche depuis « Je t’aime… moi non plus » de Serge GAINSBOURG et Jane BIRKIN en 1969. Au printemps 1988, soit un an après sa sortie française, le disque sort en Amérique du Sud : Argentine, Colombie et Brésil, en Italie, en Espagne, au Portugal ainsi qu’au Japon et en Australie. Une fois de plus, le titre atteint le Top 10 de la plupart de ces pays. L’histoire de « Joe le taxi » à l’étranger se termine en apothéose puisque le 45 tours sort aux États-Unis en mars 1989, sans grand succès pour autant.

En France, le 45 tours « Joe le taxi« , écrit par Etienne RODA-GIL et composé par Franck LANGOLFF, se paye le luxe de détrôner MADONNA avec « La isla bonita« . La légende veut que, durant cette période, le titre passe 450 fois par semaine sur toutes les radios et que 30 000 exemplaires soient achetés quotidiennement. « Joe le taxi » s’écoule au final à 1 300 000 exemplaires en France (disque de platine) et à 3 200 000 exemplaires à travers le monde. A 14 ans, c’est très violent. « Se retrouver première, là, je n’y comprends plus rien » déclarera-t-elle, selon Hugues ROYER, auteur du livre « Vanessa Paradis : la vraie histoire« . « Et puis il y a tous ces gens qui m’écrivent à la maison de disques pour dire qu’ils m’aiment. Et, dans la rue, ces gens qui me demandent si c’est bien moi, Vanessa Paradis. Tout ça me fait un peu peur, mais j’aime tellement chanter« .

La suite, on la connaît. PARADIS, un nom qui promet le meilleur et des dents qui portent bonheur, semblait dès sa naissance promise au destin hors du commun qui est aujourd’hui le sien. Elle travaille avec les plus grands, de RODA-GIL à GAINSBOURG en passant par KRAVITZ, BIOLAY et -M-, donne la réplique sur grand écran aux comédiens les plus prestigieux, de DEPARDIEU à MOREAU, RENO, DELON, BELMONDO, AUTEUIL ou DURIS, est magnifiée par les plus talentueux photographes, GOUDE et MONDINO. Puis, qui eut cru que l’adolescente maladroite du tube « Joe le taxi » rencontrerait la légende hollywoodienne qui devient alors son amoureux et le père de ses deux enfants (Lily-Rose DEPP et Jack John Christopher DEPP), l’acteur Johnny DEPP ?

 

LE SAVIEZ-VOUS ?

Maria-José LEAOS DOS SANTOS, plus connue sous le nom de Joe, est décédée le 3 mars dernier, à l’âge de 64 ans, d’un cancer « fulgurant« , selon Johanne, celle qui partageait sa vie. « Maria-José c’était trop féminin pour elle. Alors elle a raccourci en Joe, et on l’appelait Joe le taxi » confirme sa compagne Johanne, à nos confrères du magazine « Têtu« .

Véritable figure du milieu lesbien parisien et des nuits de Pigalle, cette femme d’origine portugaise qui se faisait appeler Joe, fuit son pays natal quand sa mère découvre son homosexualité. Elle devient taxi de nuit après un chagrin d’amour avec une prostituée. Joe avait l’habitude de prendre dans son véhicule la crème du milieu parisien à la sortie des boîtes de nuit, de Véronique SANSON à Claude BRASSEUR, en passant Michel BLANC

Selon « L’Obs », elle embarquera notamment à trois reprises Etienne RODA-GIL, le parolier de Claude FRANÇOIS ou de Julien CLERC, qui écrira « Joe le taxi » pour Vanessa PARADIS en 1987, s’inspirant de cette femme. Joe lui avait raconté en détails son histoire, de son internement par ses parents en passant par le couvent dont elle s’est enfuie jusqu’à l’exorcisme qu’on lui a fait subir pour la délivrer de ses préférences amoureuses, la conductrice lui avait tout confié, même la raison de sa vocation. C’était donc pour tenter de retrouver une ancienne amante que Joe était devenue taxi et arpentait les rues de la capitale. Et c’est ainsi que l’auteur écrira l’un des tubes les plus célèbres de sa génération.

Par Thierry Cadet