Claude François en 10 tubes inoubliables

Par Quentin Boitel
Le 28 juin 2023
13 mins
Claude François en 10 tubes inoubliables
@Marlyse Press Photo

Melody vous propose de replonger dans la carrière de Claude François à travers 10 tubes marquants et inoubliables.

Claude François est né le 1er février 1939 à Ismaïlia en Égypte, sur les rives du Canal de Suez à l’époque contrôlé par la France et le Royaume-Uni. Son père, Aimé François, occupait le poste de chef du trafic pour la Compagnie du Canal de Suez. Sa mère, Lucia, surnommée « Chouffa », était d’origine calabraise. Il a passé sa jeunesse en Égypte, entouré d’enfants issus de différentes cultures, et a été immergé dans le rythme de la musique arabe.

1962 – Belles, belles, belles (Phil Everly / Vline Buggy & Claude François)

Claude François a débuté sa carrière professionnelle en 1962, après avoir essuyé plusieurs refus de la part de la maison de disques Philips. Il a sorti le titre « Le Nabout Twist », qui malheureusement n’a connu qu’un léger succès… en Égypte. Cela n’a pas suffi pour convaincre la maison de disques.

Cependant, Claude François a décidé de persévérer et a demandé à adapter le titre « (Girls, Girls, Girls) Made To Love » des Everly Brothers, qui était initialement prévu pour Lucky Blondo. Après avoir insisté pendant un certain temps, il a obtenu la chanson, mais les paroles écrites par Vline Buggy ne lui convenaient pas. Il trouvait que le refrain « Rien rien rien que notre amour » était trop rugueux et pas assez mélodieux. Il a donc retravaillé les paroles avec la parolière. Comme le refrain sonnait comme des cloches, en anglais « cloche » se dit « bell », Claude François a rebaptisé cette chanson « Belles, belles, belles ».

Ce titre lui permet de devenir « chouchou de la semaine » dans l’émission de Daniel Filipacchi, Salut les copains sur Europe 1. Cela signe le vrai début de sa carrière et une collaboration qui durera plus de 10 ans avec Vline Buggy. Cette chanson a même bénéficié d’un scopitone. C’est Claude Lelouch qui le réalise lors de l’hiver 1962 dans la forêt de Saint-Cloud.

1967 – Comme d’habitude (Jacques Revaux & Claude François / Claude François & Gilles Thibaut)

Quelques années plus tard, en 1967, un succès planétaire va consacrer Claude François comme l’un des piliers de la variété. Alors qu’il organisait une réception dans son moulin à Dannemois, Claude François se trouve près de la piscine en compagnie de Jacques Revaux et Gilles Thibaut pour discuter du prochain album. Jacques lui fait écouter une mélodie qu’il avait composée quelques mois plus tôt, intitulée « For Me ». De nombreux artistes, tels que Hervé Vilard, Michel Sardou, Mireille Mathieu et même Claude François lui-même, l’avaient déjà refusée. Mais Jacques Revaux insiste auprès de Claude et lorsque celui-ci réécoute cette musique, il pense alors à sa rupture sentimentale avec France Gall.

L’artiste retravaille un peu la chanson et l’adapte à son propos pour que Gilles Thibault lui écrive des paroles sur mesure. C’est ainsi que naît un tube. Deux ans plus tard, en 1969, lors d’un passage à Paris, Paul Anka s’empare de la chanson et l’adapte en « My Way » pour Frank Sinatra. Ce fut un énorme succès pour le crooner et une consécration pour le chanteur français, qui a toujours été fan de la star américaine. La chanson a parcouru le monde entier et a été traduite dans plus de 50 langues. Depuis 1993, il s’agit de l’œuvre musicale la plus jouée et la plus connue au monde, dépassant ainsi le « Boléro » de Ravel.

1970 – Parce que je t’aime mon enfant (Claude François & Jean-Pierre Bourtayre / Yves Dessca)

Claude François enchaîne les succès internationaux. En décembre 1970, il sort la chanson « Parce que je t’aime mon enfant » sur l’album « Si douce à mon souvenir ». Bien qu’elle n’ait pas été un tube lors de sa sortie en France, son adaptation anglaise « My Boy », d’abord interprétée par Richard Harris en 1971, connaîtra un destin différent. L’acteur, qui a joué le rôle d’Albus Dumbledore dans la saga Harry Potter, a également débuté en tant que chanteur. La version d’Elvis Presley en 1973 propulse la chanson au statut de titre incontournable.

1972 – Le lundi au soleil (Patrick Juvet / Jean-Michel Rivat & Frank Thomas)

Claude François était non seulement un chanteur, mais aussi un homme d’affaires. Il a été le premier artiste français à créer sa propre maison de disques et a joué le rôle de découvreur de talents à travers le label « Flèche ». Au début des années 70, il a lancé successivement les carrières de Patrick Juvet et Alain Chamfort.

Après le succès de « La musica » pour Patrick Juvet, Claude François lui a demandé de lui composer un titre pour son prochain album. Avec Frank Thomas et Jean-Michel Rivat pour les paroles, ils ont signé l’un des plus grands succès de l’hiver 1972-1973 avec la chanson « Le lundi au soleil ». Cette chanson est également l’une des plus connues de l’artiste dans les pays asiatiques, notamment au Japon. Claude François l’interprétait avec énergie lors de ses performances télévisées, dansant frénétiquement aux côtés de ses Clodettes sur ce titre ensoleillé. Cet album comprenait également un autre tube, « Belinda ».

1974 – Le mal-aimé (Terry Dempsey / Eddy Marnay)

En dépit de son succès auprès du grand public et du soutien de la presse populaire, Claude François a longtemps été peu apprécié par la presse d’opinion et par une certaine élite intellectuelle. On lui reprochait les paillettes et les strass de ses costumes, ainsi que la présence de danseuses court-vêtues et la simplicité de ses textes. Cependant, au sein de l’industrie musicale, il était reconnu comme un artiste talentueux et perfectionniste, et sa carrière a progressivement gagné en reconnaissance. Il a même été soutenu par des intellectuels tels que le cinéaste Jean-Luc Godard, qui était fasciné par l’artiste.

Malgré cela, Claude François a mal vécu cette critique et se sentait mal-aimé. En 1974, Eddy Marnay lui a écrit les paroles de « Le Mal-aimé » sur une musique de Terry Dempsey, dont il a adapté le titre « Daydreamer ». Cette chanson touchante a finalement remporté tous les suffrages, y compris ceux de la presse critique.

1975 – Toi et moi contre le monde entier (Claude François & Jean-Pierre Bourtayre / Eddy Marnay)

En 1975, Claude François se confie sur sa paternité. Père de deux enfants, surnommés Coco et Marc, Claude décide de leur dédier une chanson. C’est également l’occasion pour l’artiste de présenter publiquement son deuxième fils à la presse. Alors que la naissance de Coco avait fait la Une de tous les journaux en 1968, Marc était resté caché pendant six ans avant d’être révélé au grand public. Ce dévoilement s’accompagne de la chanson « Toi et moi contre le monde entier ». Claude François a co-signé la musique aux côtés de son complice Jean-Pierre Bourtayre.

1976 – 17 ans (Janis Ian / Frank Thomas)

En 1976, Claude François réalise une adaptation du titre « At Seventeen » de Janis Ian, intitulée « 17 ans » en français. Dans cette chanson, il aborde de manière introspective sa jeunesse difficile. En effet, vingt ans auparavant, lui et sa famille ont été contraints de fuir l’Égypte pendant la guerre d’indépendance égyptienne, laissant derrière eux tous leurs biens et leur fortune pour s’installer en France. Claude François évoque égallement ses premiers amours, les obstacles qu’il a rencontrés dans le monde de la musique et ses relations complexes avec son père.

1976 – Cette année-là (Bob Gaudio / Eddy Marnay)

Claude François fait un bond dans le temps et revient sur ses débuts en 1962. Inspiré du titre « December, 1963 (Oh, What a Night) » du groupe The Four Seasons sorti un an plus tôt, « Cette année-là » était initialement prévu comme une face B. Cependant, face au succès indéniable de la chanson, Claude François décide de la promouvoir en tant que face A dès le mois de juillet 1976, après sa sortie initiale en mai. « Cette année-là » figure en tant que dernier titre sur l’album « Le Vagabond ».

1977 – Je vais à Rio (Paul Allen & Adrienne Anderson / Eddy Marnay)

Au début de l’année 1977, Claude François amorça un virage vers le disco, un genre musical très en vogue à l’époque. C’est à ce moment-là qu’il découvrit la chanson « I Go to Rio » de l’artiste australien Peter Allen. Ce titre aux sonorités chaleureuses avait connu un grand succès en Australie. Claude François confia alors l’adaptation de la chanson à Eddy Marnay, qui conserva le sens des paroles originales et les traduisit en français sous le titre « Je vais à Rio ». Comme à l’accoutumé chez Claude François, les cuivres et les percussions sont très rythmés.

1977/78 – Magnolias For Ever (Claude François & Jean-Pierre Bourtayre / Étienne Roda Gil)

En 1978, Claude François est à l’apogée de sa carrière. Alors qu’il entame une carrière outre-Manche après la publication d’un album en anglais, le chanteur a des rêves d’Amérique. Il enregistre des émissions pour la BBC et la NBC, dont il est parfois le présentateur. Il donne même un concert dans la mythique salle du Royal Albert Hall à Londres. Et son dernier disque, « Magnolias For Ever« , marque un nouveau tournant dans sa carrière. Mais le 11 mars 1978 précipite complètement la fin de la carrière du chanteur. Il décède accidentellement électrocuté dans la salle de bain de son appartement situé Boulevard Exelmans à Paris.

1977/78 – Alexandrie Alexandra (Claude François & Jean-Pierre Bourtayre / Étienne Roda Gil)

Le dernier 45 tours de Claude François sort le mercredi 15 mars 1978, jour de ses funérailles. Cette sortie, pourtant prévue depuis plusieurs mois, se révèle être l’une de ses plus grandes ventes avec près d’un million d’exemplaires vendus. Cette chanson est « Alexandrie Alexandra », pour laquelle il demande à Étienne Roda-Gil d’écrire des paroles reflétant sa jeunesse en Égypte. Il co-signe la musique avec son complice Jean-Pierre Bourtayre et y associe une chorégraphie inoubliable.

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